C’est quoi le web3 ? Concepts, avantages et défis de l’Internet de demain

Image d'illustration du web3, représentant notamment des icônes de cryptomonnaies. Ces dernières font partie des concepts fondateurs du web3.0, avec les NFT et surtout la blockchain.
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Apparue au milieu des années 2010, l’expression web3, souvent associée aux cryptomonnaies comme le Bitcoin, fait l’objet d’un intérêt croissant dans les médias. Mais pour le public, les concepts théoriques et techniques de cette troisième version d’Internet restent opaques. Le web3 c’est quoi ? Après un bref historique, vous trouverez des éléments de réponse dans cet article. Définition, principes, avantages et défis, tout ce que vous devez savoir sur le web du futur.

Web3 : des pages statiques aux monnaies virtuelles

Vous vous souvenez de Netscape Navigator et des premiers sites web ? De la naissance des blogs et des réseaux sociaux ? Ces exemples sont typiques des deux premières époques de l’Internet grand public : le web1 et le web2.

Le web1, trente ans avant les métavers

Peut-être faisiez-vous partie des chanceux qui surfaient déjà sur le web au début des années 1990 ? Dans ce cas, vous avez connu le web1, celui des sites Internet statiques. Il s’agissait de pages plutôt austères, rudimentaires, contenant essentiellement du texte. En effet, les connexions via le réseau téléphonique commuté (RTC) ne permettaient pas d’atteindre des débits suffisants pour intégrer des éléments graphiques, encore moins des photos ou des vidéo. Vous utilisiez alors un « butineur » tel que Netscape Navigator ou les premières éditions d’Internet Explorer pour consulter des informations « descendantes ». Vous ne pouviez pas interagir avec les sites, déposer un commentaire ou un « like », encore moins faire des achats.

Un modem téléphonique parmi les plus répandus dans les années 1990. Permettant d'accéder au web1, ce type d'équipement a progressivement disparu à l'arrivée des liaisons ADSL. Blockchain, cryptomonnaies et web3 nécessitent des connexions fiables et performantes.
Un modem téléphonique parmi les plus répandus dans les années 1990. Permettant d'accéder au web1, ce type d'équipement a progressivement disparu à l'arrivée des liaisons ADSL.

Un web2 dynamique et mobile

Avec la montée en puissance rapide des ordinateurs et l’arrivée des connexions haut-débit (ADSL) dans les années 2000, le web 2.0 (ou web2) prend son envol. Vous découvrez les blogs, les pages personnelles, les sites d’e-commerce, les moteurs de recherche enfin performants. Puis c’est le déferlement des réseaux sociaux avec Facebook, Twitter, MySpace et consorts. Très vite, l’informatique devient « portable » et vous vous équipez d’un smartphone puis d’une tablette.

Le web2 est alors à son apogée : celle des sites web dynamiques avec lesquels vous pouvez interagir en permanence. Celle qui vous autorise à publier et à partager vos propres contenus, poussés par des connexions de plus en plus performantes (fibre optique, 4G puis 5G). Et enfin celle de l’Internet mobile et du cloud qui s’affranchit des connexions filaires et vous permet de rester en contact avec tout ce qui compte pour vous, où que vous soyez. Vous l’aurez compris, nous sommes toujours dans cette ère du web 2.0 en ce début de décennie 2020.

Web3 définition : l’Internet sans les GAFAM

Et pourtant, l’expression web 3.0 ou web3 apparaît en 2014, en réponse à un constat de plus en plus partagé. Le web2 a en effet concentré les utilisateurs, les contenus et les flux dans les mains d’une poignée d’entreprises. Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft, regroupées sous l’acronyme GAFAM. Or, cette concentration des données vient contrarier le concept originel de l’Internet. Le réseau mondial qui se voulait contrôlé et accessible par tous, est progressivement devenu le web des entreprises aux mains de quelques multinationales.

Marchandisation des informations, dérives des réseaux sociaux, censure, cyberattaques, fuites de données personnelles, le web2 des géants de la tech commence à inquiéter et à provoquer une crise de confiance. C’est donc à la fin de la décennie 2010 que naît le principe fondateur du web3 : la nécessaire décentralisation de l’Internet. Et grâce à un concept technologique majeur datant de 2008, la blockchain, les bases de la troisième ère du web sont posées.

Les 5 logos des GAFAM. De gauche à droite : Google, Amazon, Apple, Meta (Facebook) et Microsoft. Ces multinationales incarnent l'apogée du web2, l'Internet des entreprises. Le web3 c'est quoi ? Entre autres, une volonté de lutter contre l'hégémonie des géants de la tech.
De gauche à droite, les 5 logos des GAFAM : Google, Amazon, Apple, Meta (Facebook) et Microsoft. Ces multinationales incarnent l'apogée du web2, l'Internet des entreprises. C'est notamment pour contrer l'hégémonie de ces champions de la tech que le web3 a été imaginé.

Le Web3 c’est quoi ? Principes et concepts

Sous cette dénomination aux contours encore vagues, le web3 ambitionne de rendre le pouvoir aux internautes.

L’Internet décentralisé : chaîne de blocs, cryptomonnaies et NFT

Web1 était statique, Web2 est dynamique, Web3 se veut démocratique.

Web3 définition : l’anti-centralisation !

En s’appropriant les données de millions d’internautes, les GAFAM ont contribué à mettre en place un Internet centralisé. Ces multinationales stockent en effet vos identifiants, vos contenus (textes, photos, vidéos, fichiers), vos informations personnelles (nom, adresse, téléphone, mails, agendas) dans des centres de calcul (datacenters) qui leur appartiennent. Et passent parfois vos données à la moulinette d’algorithmes d’intelligence artificielle (IA) capables de comprendre vos habitudes, vos opinions, vos besoins, dans le but de vous proposer des contenus adaptés. Certaines s’arrogent également le droit de « modérer » vos propos sur leurs plateformes (réseaux sociaux) voire de suspendre ou même de résilier l’accès à votre compte, en fonction de règles qu’elles ont elles-mêmes établies.

Web3.0 : supprimer les intermédiaires

C’est pour contrer ces dérives du web2 que les concepts clés du web3.0 ont été définis. L’objectif principal est la décentralisation de l’Internet au profit de ses utilisateurs. L’idée est simple : vous seul devez être le propriétaire de vos données et personne d’autre que vous ne doit en avoir le contrôle. Ce qui implique la suppression des intermédiaires et autres « tiers de confiance ». A noter que le concept peut même être élargi à d’autres domaines que l’informatique. Par exemple, aujourd’hui, votre banque est l’intermédiaire entre vous et votre argent (comme Google est l’intermédiaire entre vous et vos e-mails dans Gmail). Dans le web3, votre argent (cryptomonnaies), vos données, votre identité en ligne vous appartiendront totalement et vous les gèrerez comme bon vous semble.

De la blockchain aux NFT : les concepts fondateurs du 3ème Internet

Trois concepts techniques fondateurs sont à l’origine du web3 et sous-tendent son fonctionnement. Vous constaterez qu’ils sont plutôt complexes.

La blockchain (chaîne de blocs)

Une blockchain est un registre, une sorte de base de données qui a la particularité :

  • d’être partagée simultanément avec tous ses utilisateurs,
  • d’être détenue par tous ses utilisateurs en de multiples points du réseau,
  • de pouvoir enregistrer de nouvelles données de façon sécurisée (cryptographie)
  • de conserver l’historique de tous les échanges entre ses utilisateurs depuis sa création.

Elle ne dépend d’aucune infrastructure centrale de contrôle (entreprise, banque, administration, Etat). Décentralisée, elle fonctionne en mode « point à point » (peer-to-peer) et est stockée dans des centaines de machines dispersées dans le monde. En cas de défaillance d’une machine, la blockchain est résiliente. En effet, elle se reconstitue automatiquement en utilisant les copies enregistrées sur les autres maillons de la chaîne. Quant à ses usages, ils s’étendent à de nombreux secteurs d’activité : énergie, logistique, finance, industrie, etc.

Le web des monnaies virtuelles

Bitcoin, Ethereum, vous avez certainement déjà entendu ces noms dans les médias. Mais c’est quoi au juste ? Parfois dénommées crypto-actifs ou monnaies virtuelles, les cryptomonnaies sont des actifs financiers qui, grâce à la blockchain, s’échangent librement de personnes en personnes (peer-to-peer) en dehors de tout système bancaire (décentralisation).

Ces monnaies n’ont aucune existence physique, elles ne sont ni imprimées sur des billets ni frappées sur des pièces. Ce sont seulement des séries de chiffres qui circulent entre des systèmes informatiques, chaque transaction étant consignée (comme dans un livre de compte) et sécurisée par la blockchain. Il en existe des milliers mais seules quelques-unes sortent du lot, comme Tether, Cardano, Dogecoin ou Solana.

Web3 définition : l'Internet des cryptomonnaies. Ici divers logos de monnaies virtuelles sont représentés. Parmi ces pictogrammes, on distingue notamment ceux du Bitcoin, d'Ethereum ou de Binance.
Les cryptomonnaies font partie des concepts fondateurs du web3. Sur cette planche, on distingue notamment les logos de Bitcoin, d'Ethereum, de Binance ou encore de Litecoin.

Les NFT, les oeuvres d’art du web3.0

Dernier concept à appréhender lorsque vous vous intéressez au web3 : les jetons non fongibles (Non Fungible Tokens, NFT). Un actif fongible a deux caractéristiques : il n’est pas unique et il est interchangeable avec un actif du même type. Par exemple, une pièce de 2 euros est fongible. Il en existe des milliers d’exemplaires et vous pouvez l’échanger avec n’importe quelle autre pièce de 2 euros.

Au contraire, un actif non fongible désigne un objet unique et identifiable. Les NFT fonctionnent sur le principe d’une cryptomonnaie sauf que leur valeur et leurs caractéristiques diffèrent les uns des autres. Pour faire simple, considérez-les comme des objets de collection, un peu comme des oeuvres. D’ailleurs, il existe plusieurs catégories de NFT, souvent liées à l’art ou la culture : jeux vidéo, images, livres, album de musique, etc.

Les apports du web3.0

Trêve de concepts théoriques, quels sont les avancées du web3 par rapport à l’Internet que vous connaissez déjà ?

L’Internet aux internautes !

Vous l’aurez compris, si le web2 désignait l’Internet contrôlé par des entreprises, le web3.0 sera celui qui rend le pouvoir aux internautes, aux personnes. Plusieurs avantages :

  • une plus grande liberté d’expression (pas de censure)
  • aucune dépendance aux plateformes (pas d’intermédiaires)
  • propriété intégrale de vos contenus et de ceux que vous achetez (grâce aux NFT)
  • accès libre aux services (votre profil n’est pas validé par une autorité)
  • pas d’algorithmes qui analysent vos informations

Le web3 constitue donc une aubaine si vous êtes créateur de contenu. Par exemple, en tant que photographe, vous pouvez publier vos clichés en ligne sur tous les services web3 que vous voulez, sans dépendre d’une plateforme (500px, Flickr, Google Photos, Adobe Bridge). Vos images vous appartiennent en permanence, vous pouvez les retirer d’un service et les exposer dans un autre. De plus, elles ne sont ni analysées ni censurées.

L’identité numérique garantie par la blockchain

Sur le web2, avez-vous constaté qu’il était de plus en plus fréquent de vous connecter à un service en ligne en utilisant vos identifiants Google, Facebook ou Apple ? Certes pratique, cette possibilité implique cependant que ces multinationales soient propriétaires de vos login / mot de passe. Avec le risque, en cas de piratage ou de fuite de données, qu’un malandrin vole vos identifiants et usurpe votre identité.

Grâce aux NFT, le web3 redonne à chaque internaute le contrôle de son identité numérique. Des protocoles libres comme Ethereum Name Service (ENS) permettent d’assigner votre identité à un portefeuille Ethereum. Votre nom devient un NFT (unique et identifiable), qui sert de login sur les services du web3. Grâce à la blockchain, les identités numériques ne sont pas centralisées (comme chez Google ou Apple) mais distribuées sur des dizaines de machines formant la fameuse chaîne.

Les métavers : les mondes virtuels comme nouvelle interface

Un temps confondu avec le web3, les métavers inaugurent en effet une nouvelle interface d’Internet. Il s’agit d’univers virtuels dans lesquels les internautes peuvent interagir entre eux, acheter et posséder des objets, exercer une activité ou même acquérir de nouvelles connaissances. Pour parvenir à ce résultat, les métavers empruntent différents concepts du web3 : les cryptomonnaies, les NFT, l’identité numérique, les protocoles sécurisés des blockchains, etc.

Attention toutefois à ne pas vous investir dans n’importe quel métavers. En effet, des géants du web2 comme Meta (maison mère de Facebook) développent des univers virtuels propriétaires. Centralisés, ces métavers stockent les données dans des datacenters privés et les utilisateurs deviennent dépendants de la plateforme éditrice. Cette dernière régit le fonctionnement du métavers selon des règles qu’elle fixe elle-même. Tout l’inverse des principes fondateurs du web3.0 !

Les défis du web3.0 : une transition lente

Vous trouvez ce nouvel Internet compliqué et nébuleux ? Vous avez raison ! Avant de pouvoir s’imposer, le web3 devra relever des défis d’envergure.

Des concepts complexes à appréhender

La lecture de cet article vous fait prendre conscience de la première barrière qui se dresse devant le web3 : sa complexité. Les technologies et les concepts fondateurs de cette nouvelle version d’Internet sont encore peu compréhensibles par le grand public. La documentation officielle, très technique, s’adresse en effet à des utilisateurs voire à des informaticiens chevronnés. Et nécessite d’avoir de solides connaissances notamment en réseaux, en chiffrement ou en cybersécurité.

Image d'illustration du concept de métavers, l'un des apports du web3. Une jeune femme souriante porte un casque de réalité virtuelle. Autour d'elle s'affichent des interfaces dématérialisées sur lesquelles elle semble pouvoir interagir avec les mains. Les métavers incarnent une nouvelle interface d'Internet dans laquelle réalité virtuelle, monnaie dématérialisée et identité numérique cohabitent.
Les métaverses (ou métavers) font partie des apports du nouveau web3. Ils incarnent une nouvelle interface d'Internet dans laquelle réalité virtuelle, monnaie dématérialisée et identité numérique cohabitent.

Le web3 c’est quoi ? Une formation intensive à prévoir !

Découlant directement du point précédent, vous comprenez que l’adoption massive du web3 ne pourra s’effectuer qu’au prix d’une formation sérieuse des utilisateurs. Le web1 avait lui aussi nécessité des efforts importants pour familiariser le grand public à l’usage d’Internet, à une époque où se servir d’un ordinateur n’était pas courant. Quant au web2, l’éducation des populations n’a jamais cessé notamment pour apprendre à déceler les arnaques, à contourner le spam ou à protéger les mineurs des contenus dangereux ou inappropriés.

Avec le web3.0, vous serez certainement obligé d’acquérir des compétences propres à cette évolution de l’Internet : ouvrir un portefeuille de cryptomonnaies, télécharger des applications spécifiques, protéger votre identité, mettre en vente vos contenus NFT, etc.

Des tarifs qui freinent l’accessibilité

Tout n’est pas gratuit dans le monde du web3. Certaines blockchains comme celle d’Ethereum appliquent des commissions (« gas fees ») parfois onéreuses lors de la validation d’une transaction. Même si de récentes mises à jour contribuent à réduire ces « frais de gaz », l’adoption du web3 dans les pays en voie de développement pourrait s’avérer plus longue et difficile. Les GAFAM proposent de nombreux services gratuits dans le web2 (réseaux sociaux, messageries, espaces de stockage, hébergements), les utilisateurs restent donc peu enclins à payer des commissions sur le web3.

Web2 vs Web3.0 : les GAFAM en embuscade

Vous vous doutez bien que les multinationales du numérique ne vont pas rester les bras croisés devant l’arrivée du web3. Les milliards de dollars encaissés chaque année par ces mastodontes du web2 leur permettent de concevoir des produits et des applications qui maintiennent leurs clients captifs. Regardez par exemple comment Apple développe des solutions matérielles (iPhone, iPad, Mac) et logicielles (iOS, macOS) qui s’imbriquent parfaitement et pour lesquelles elle propose régulièrement de nouveaux services (Apple Music, Fitness+, iCloud).

Le web3 c’est quoi : une évolution nécessaire qui prendra du temps

Décentralisé, plus respectueux de la vie privée, plus sécurisé mais aussi plus rapide, les promesses du web3 sont alléchantes. Toutefois, son adoption massive est encore entravée par la complexité de ses concepts et son manque de convivialité. Le web2 et les GAFAM n’ont pas encore dit leur dernier mot.